Saison 2

S02E15 - Gérard Drouot, Fondateur et Président de GDP

Gérard DROUOT est incontournable dans le monde du spectacle. Tout le monde le connait, et pourtant il s’exprime peu, voire jamais. C’est la raison pour laquelle nous sommes particulièrement fiers de vous proposer cet épisode de SOLD OUT, le premier de deux épisodes consacrés à GERARD DROUOT PRODUCTIONS (GDP). Dans cet épisode, Gérard partage sa passion et son parcours, depuis ses débuts à Strasbourg jusqu’à ces derniers jours. Vous entendrez (notamment) parler de Bruce Springsteen, de U2, des Rolling Stones mais aussi de l’importance de maitriser sa billetterie ou de la manière de traiter avec des artistes internationaux…

Sold Out Gérard Drouot Productions

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SOLD OUT - Saison 2, épisode 15 : Gérard Drouot

avec Gérard Drouot, Président Directeur Général de « G.D.P. Productions ».

Episode enregistré dans ses bureaux, à Paris, en avril 2021.

C’est le premier de deux épisodes consacrés à « Gérard Drouot Productions ».

Bonjour ! Bienvenue dans ce nouvel épisode de « Sold Out ». Aujourd’hui, on entame une série de deux épisodes exceptionnels.

C’est la première fois qu’on fait ça dans l’Histoire de « Sold Out » : nous allons consacrer deux épisodes à une « boîte de Production mythique », qui sert beaucoup d’exemple à tout le Marché et à toute notre Industrie : Gérard Drouot Productions. On va rencontrer deux « personnages » qui sont des « figures » de ce métier.

Aujourd’hui, on a l’honneur de recevoir Gérard Drouot dans « Sold Out ».

Bonjour Gérard !

Bonjour !

RAVI, vraiment, de vous rencontrer !

J’aurais préféré qu’on se rencontre à une époque « non pandémique », où l’on puisse faire des concerts et « faire vibrer » nos Artistes. J’espère que ça va revenir très vite !

On l’espère tous et on croise les doigts !

Pour préparer cet interview, j’ai manqué de papier et de temps. On aurait pu faire un podcast de trois jours tellement on avait de souvenirs, d’anecdotes et surtout de visions du Marché à partager.

C’est une idée ça : « trois jours » !

[Rires] On en fera un qui durera trois jours si vous voulez !

On va forcément parler de cette « école Gérard Drouot » qui, d’une certaine manière, irrigue le Marché…

C’est gentil ça ! Il est vrai que sur certains points, j’ai fait « école ». J’ai toujours défendu beaucoup de rigueur et une manière de travailler que j’ai depuis que j’ai commencé (depuis les neuf ou dix ans que j’ai passé chez Harry Lapp Organisation, à Strasbourg). Pour moi, Harry Lapp a été un excellent prof’.

Entre ce que j’avais fait moi-même au début de ma carrière (sous forme associative), et les années que j’ai passé en Alsace, j’ai décidé de créer ma « boîte » alors que j’étais un « pauvre gars » qui n’avait pas d’argent de côté et qui avait une femme et deux enfants.

Avec le soutien de Colette (mon épouse) qui m’a dit : « Mais si, tu en es capable ! Vas-y, fonce ! », je me suis « jeté » …

On va parler de tout ça dans cet épisode de « Sold Out », qui commence maintenant.

Gérard Drouot, premier billet vendu ?

C’était avant G.D.P. [Gérard Drouot Productions], en avril 1974. C’était le Groupe Magma, à la Salle des Fêtes de Tinqueux, dans la banlieue de Reims.

Dernier billet vendu ?

Les derniers billets vendus précisément, je ne sais pas. Dimanche dernier, on a dû vendre non pas un billet, mais à peu près 500 billets (ou un peu plus) pour la prochaine tournée de Zucchero en France, suite à son passage dans Taratata la veille au soir.


Je m’appelle Gérard Drouot et je suis P.D.G. de Gérard Drouot Productions.

Je suis originaire de Champagne, de Reims pour être précis, où je suis né en 1952.

J’ai commencé par faire des études de Médecine, ce qui n’avait vraiment rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui !

J’ai eu mon Bac à 17 ans et je ne savais pas tellement où m’orienter. Je ne m’étais jamais trop posé la question.

Etant fils unique, mes parents m’ont dit : « Il n’y a pas le choix, ou tu seras Prof’ ou tu seras Médecin… ». C’était grosso modo les choix. Comme il y avait un « toubib » sympa dans notre immeuble et que je trouvais que « la Médecine c’était bien », je me suis inscris en Faculté de Médecine. J’y ai fait cinq années…

Vous étiez assidu, quand même, en Faculté de Médecine…

Au début, oui. Moins à la fin. C’est pour ça que j’ai arrêté : il a fallu faire un choix. J’ai commencé à faire des petits concerts, et j’ai travaillé à la discothèque de la Maison de la Culture André-Malraux à Reims.

Au bout de cinq ans, je fréquentais de moins en moins l’amphithéâtre de Médecine, et passais de plus en plus de temps à parler à des Managers (ou autres).

J’ai choisi, et je me suis dit : « Je vais me lancer dans une carrière de Production ». A l’époque, je ne savais même pas si ce serait de la « Production » ! C’était : « Je vais me lancer et je vais faire des concerts », voilà.

Là, on est en décembre 1973 : le début de Music-action ?

C’est à peu près ça. En 1972, j’avais passé beaucoup de temps à faire des allers-retours entre Reims et Paris pour aller voir des concerts à l’Olympia ou au Pavillon de Paris.

J’ai vu Santana au Pavillon de Paris, Paul McCartney et Wings à l’Olympia, Grateful Dead à l’Olympia… J’ai vu des « tas de trucs », puis j’en ai eu marre.

A chaque fois, je venais avec deux potes (ça amortissait les frais d’essence). Nous n’avions pas de quoi se payer l’hôtel à Paris. J’étais venu à Paris avec deux potes et j’étais reparti à Reims après le concert. J’étais revenu le lendemain avec deux autres potes (ils n’aimaient pas tous les mêmes Artistes, mais je voulais tout voir).

Vous vouliez tout voir « par passion » : ce n’était pas encore l’idée d’en faire un métier ou de gagner de l’argent avec ça…

Totalement, « par passion ».

Quand j’avais 16 ou 18 ans, j’allais toutes les semaines (voire tous les jours) chez mon Disquaire pour voir s’il n’y avait pas une nouveauté intéressante. C’est comme ça que j’ai découvert des albums comme « After the Gold Rush » de Neil Yang, etc… : des Artistes que je ne connaissais pas, mais dont je lisais une bonne critique dans Rock & Folk, dans un autre journal, ou dans un magazine. C’était une époque vraiment très différente.

Au niveau radiophonique, par exemple, je me rappelle de la sortie de l’album « Abbey Road » des Beatles.

Une après-midi, j’écoutais RTL alors que j’étais en train de faire de la peinture (je ne parle pas de peinture artistique : je repeignais des murs). Tout à coup, « interruption des programmes ». Jean-Bernard Hebey (je crois) dit : « On vient de recevoir le nouvel album des Beatles. On va vous le passer dans son intégralité ».

Aujourd’hui, vous n’imagineriez pas RTL interrompre ses programmes pendant 45 minutes pour passer le nouvel album de n’importe quel Artiste que ce soit !

A quel moment devient-on, sans vraiment le savoir, Producteur de Spectacles ? C’est Magma, c’est « des clashs », c’est « Léonard Cohen » ?

Non… C’est l’envie de faire venir des spectacles à Reims, pour ne pas à avoir à aller à Paris.

Pour commencer, j’ai essayé de prendre contact avec des gens du Métier, et un jour j’ai reçu un « coup de fil » sur le téléphone fixe de mes parents (il n’y avait pas de téléphone portable).

C’était un Manager qui s’appelait Giorgio Gomelsky. A l’époque, il manageait Magma et avait participé, pendant un certain temps, au management des Rolling Stones. Avec son accent polonais, Gomelsky m’a dit : « J’ai un concert de Magma qui a « sauté » à Rouen. Tu ne pourrais pas le faire à Reims ? ». Je ne sais plus quelle date c’était…

Si, c’était en avril 1974 : le 12, le 15 ou le 16 (ça se trouve sur Internet). J’ai même retrouvé le flyer de ce concert.

C’était une époque où l’on pouvait organiser un concert en deux ou trois semaines : le Public réagissait immédiatement. Aujourd’hui, pour des concerts comme ça, il faut « mettre en vente » longtemps à l’avance et faire un Marketing aussi bien par affichage que sur le web.

Le bouche-à-oreille fonctionnait énormément alors qu’il n’y avait pas Internet ! Nous parlerons sans doute tout à l’heure du concert de Nico et Tangerine Dream à la Cathédrale de Reims, fin 1974. Je me rappelle avoir collé des affiches alors que le concert était complet. Les billets se sont vendus uniquement par le bouche-à-oreille.

Comment l’expliqueriez-vous ? Y avait-il tout simplement moins d’offres ou de propositions artistiques ?

Probablement, et aussi parce que les jeunes de l’époque dévoraient les quelques magazines comme Best, Rock & Folk, Actuel ou Libé, etc… Il suffisait d’une ligne !

Je crois que pour ce concert à la Cathédrale, il y avait eu une ligne dans Rock & Folk. Cela suffisait à « exciter les gens ». Il y avait vraiment un « téléphone arabe » et un bouche-à-oreille fabuleux.

Je me rappelle avoir mis en vente ce concert. J’avais imprimé 1 500 billets. J’ai coproduit ce concert avec Assad Deps (de CORIDA S.A.). On avait un deal : « Tu amènes les Artistes et moi, j’amène la Cathédrale ». Il m’avait dit que c’était plus simple d’avoir les Artistes que d’avoir la Cathédrale. Il avait essayé avec la Cathédrale Notre Dame de Paris et n’avait jamais pu le faire.

Ce concert avait également eu lieu l’année d’avant, dans une église à Troyes, et en Champagne également.

Gérard, peut-on justement revenir sur le côté « mythique » de ce concert de Nico et Tangerine Dream à la Cathédrale de Reims ?

Depuis que je fais « Sold Out », j’en ai entendu parler au moins quatre fois dans les podcasts. J’ai l’impression que ce concert-là est une « date » qui a marqué toute une génération…

Il a marqué toute une génération !

Pourquoi ?

Vous verrez, dans le couloir, il y a l’affiche originelle. Je n’en ai plus qu’un exemplaire.

Pourquoi ?

D’abord parce qu’avant le concert, il y a eu un attrait monstrueux. La combinaison de ces deux Artistes a « matché ».

Je me souviens avoir eu un souci : une fois qu’on avait « bouclé » le programme avec Assaad, chacun des Artistes nous a dit : « Oui, mais… c’est moi qui termine ! C’est moi qui vais terminer le show et qui vais être en vedette ! C’est « l’autre » qui va être en Première Partie ». Nous n’avions pas pensé à ça !

Finalement, j’ai eu une idée qui s’est avérée être « de génie » : comme Nico n’avait pas l’intention de jouer deux heures mais une heure, et que Tangerine Dream avait l’intention de jouer deux heures et plus, j’ai suggéré qu’on fasse trois parties (ce que je n’avais jamais vu dans un autre concert).

Tangerine Dream a commencé. Il a fait une heure. Ensuite, Nico a fait une heure, et Tangerine Dream a fini (il a refait une heure). Nico était ravi parce qu’il était « au milieu ». Tangerine Dream était ravi parce qu’il commençait et terminait.

J’ai donc vendu 1 500 billets très vite et en ai fait réimprimer 1 500 très vite. On avait également mis des billets en vente à Paris, chez un Disquaire qui s’appelait Clémentine, Rue de la Montagne Sainte-Geneviève.

On avait organisé les bus : je crois que quarante bus sont venus de Paris pour le concert.

Au bout de 3 000 billets, on s’est dit avec Assaad : « Au fait, il y a combien de places dans la Cathédrale ? ».

Je suis donc allé compter les places. Je ne sais plus exactement combien il y en avait. Il y avait un problème de places parce que chaque chaise avait, devant elle, un prie-Dieu pour s’agenouiller (je n’avais pas du tout pensé à ça).

Ni une ni deux, j’ai retourné les prie-Dieu, les ai mis devant et en ai fait des chaises. Une première partie des spectateurs était assise plus bas que les autres, sur des prie-Dieu, ce qui a augmenté la capacité de la Cathédrale.

On a finalement vendu plus de 5 000 billets. On était complets des semaines à l’avance !

Ce qui m’a frappé en préparant notre entretien, c’est qu’il y a ensuite une période qui s’ouvre dans votre parcours, chez Harry Dapp Organisation, à Strasbourg. Vous y êtes salarié, c’est ça ?

Oui, bien-sûr. Ce concert m’a donné une renommée et m’a fait connaître de tout le métier. J’ai donc reçu des « coups de fil » de tout un tas de gens (y compris de gens qui « faisait tourner de la Variété », comme le Producteur Roland Hubert, qui « faisait tourner » Serge Lama et Maxime Leforestier.)

Je me suis également retrouvé à « faire de la Variété ».

Harry Dapp m’avait appelé pour « faire » Gilbert Bécaud, pour « faire » Charles Aznavour (qu’il avait en tournée à l’époque), et pour me proposer un job. Au départ, j’étais Président de l’Association Music-action Reims. En tant que Président, je n’avais pas de salaire. Ensuite, pour avoir quelques revenus, je suis devenu Directeur (je gagnais le S.M.I.C. ou son équivalent).

Harry Dapp, que je connaissais un petit peu parce que j’avais déjà organisé des concerts à Reims pour son compte, m’a donc proposé de travailler pour lui. Il m’a dit : « Il faut déménager. Il faut venir à Strasbourg ». Ma femme et moi avons bien réfléchi, on a pris la voiture, et nous sommes « localisés » en Alsace.

Là, vous avez croisé la route de beaucoup d’autres Artistes dont on va parler. Aviez-vous des « fourmis dans les jambes » d’être au service d’une Organisation qui n’était pas la vôtre ?

Non… J’étais content !

Je suis arrivé là-bas en 1977 (j’avais 25 ans). Je me sentais trop jeune pour monter ma propre entreprise, et j’étais très content d’avoir un salaire qui était pour l’époque un « bon salaire ».

J’ai appris beaucoup de choses ! Dans son entreprise, Harry Dapp faisait aussi beaucoup de concerts de Musique Classique. C’est là que j’ai côtoyé des gens comme Jessye Norman, Arturo Benedetti Michelangeli, et plein d’Artistes Classiques. Cela m’a donné une « ouverture » et m’a permis de faire toutes sortes de musiques, du Hip Hop au Classique.

Ceci est devenu une spécificité de Gérard Drouot Productions : aujourd’hui, nous produisons par exemple les tournées de Lang Lang, en France. Cela me plaît beaucoup parce que ce n’est pas une « redite ». Si vous ne faites que du Rock n’Roll, que du Hip Hop ou autre, vous « tournez un peu en rond » et refaites un peu toujours la même chose. Là, on passe de Lang Lang à n’importe quel autre spectacle familial comme « Stomp », ou à des Artistes comme Elton John ou les Rolling Stones.

On a finalement « fait » les Rolling Stones à Marseille. C’était l’un de mes « rêves manqués » ou « ratés » : je n’ai jamais vu les Beatles et n’ai jamais pu les produire, même si je côtoie et produit Ringo Starr depuis une dizaine d’années. Ringo est un mec absolument charmant.

De par ma Culture, mon âge et mon passé, j’avais évidemment envie de « faire les Rolling Stones ».

On s’est donc retrouvés à faire une proposition pour le stade de Marseille, qui a été acceptée. On a fini par les coproduire avec Jackie Lombard : comme elle était leur Productrice historique des années précédentes, les Tourneurs des Rolling Stones nous avaient demandé de l’intégrer dans le deal. On l’a fait, et on s’est très bien entendus avec elle pour que le concert ait lieu et « fonctionne ». On ne l’a pas rempli à 100 %, mais à 95 % ou 98 %.

C’était un très beau souvenir, et un très beau concert.

Revenons quelques instants à Strasbourg… C’est le moment où vous croisez la route d’Indochine, de Daho, de Balavoine, de Tina Turner, d’AC/DC, de U2, c’est ça ?

Tous ces Artistes-là, vous les rencontrez pour la première fois dans cette aventure strasbourgeoise…

Oui. Concernant Indochine, on a « fait » leur premier passage à Paris (leur premier passage « important » en tout cas) et leurs quatre premiers Zénith.

Harry s’occupait plutôt des Classiques. Il m’avait laissé la possibilité de négocier avec les labels et les nouveaux Managers (ce métier n’existait pas à l’époque). J’aimais beaucoup Etienne Daho et je me suis retrouvé à « faire », avec Harry, sa première tournée. J’ai ensuite « emporté Etienne avec moi » et l’ai ensuite « perdu ». Je l’ai très bien connu. Je l’ai revu il y a un an à l’Olympia.

Oui, j’ai rencontré beaucoup d’autres Artistes à Strasbourg… CharlElie Couture, également.

Et puis, U2, dont l’histoire est assez cocasse…

Nous produisions Murray Head. Un jour, un Irlandais du nom de Michael Deeny m’appelle à Strasbourg et me dit : « Mais euh… ne serais-tu pas intéressé par M… Mu… Murray Head ? » (il bégayait un peu).

Je lui ai dit : « Ah mais… Si ! ».

C’était drôle parce que j’avais passé le week-end précédent à Reims, et mon « Disquaire historique » de l’époque m’avait vendu son disque en me disant : « Tu devrais t’intéresser à cet Artiste-là. Toutes les filles en raffolent et j’en vends une palanquée ! ». Quelques jours après, on me proposait de prendre en charge Murray Head en tournée.

Son Manager m’a dit : « La personne qui fait les dates… c’est n’importe quoi ! C’est une catastrophe ! Ce n’est pas professionnel. »

Je crois qu’on a récupéré trois dates à l’époque : Nantes, Reims et Strasbourg. C’est comme ça qu’on a connu Murray Head et Michael Deeny, son Manager Irlandais, établi à l’époque à New York, puis en Angleterre.

Il se trouve que Michael Deeny était un ami très proche de Paul McGuinness…

Paul McGuinness, le « cinquième homme de U2 »

Voilà… Le Manager de U2.

Lors d’un concert de Murray Head à Lille, au Palais des Sports Saint-Sauveur (il n’y avait pas encore le Zénith), Michael a invité Paul. Il y a eu un meeting (auquel je n’étais pas convié) entre Michael, Paul et mon patron, Harry Lapp, pour nous proposer U2.

Sans vouloir dire du mal d’Harry, il est ressorti du meeting en me disant : « Bon… On va faire U2 là, mais… c’est un Groupe qui est en train d’être développé. Michael est bien gentil, mais il ne faudrait pas qu’il croit que parce que Murray Head « cartonne », son U2 va cartonner aussi ! » [Rires]

Il avait de la vision ! [Rires]

[Rires] On a « fait » leurs toutes premières tournées en France. Je sais qu’ils avaient déjà fait Le Palace et quelques petits concerts à l’époque. Leur premier concert était à Grenoble (ou quelque chose comme ça).

Quand on a commencé avec U2, je crois que c’était pour l’album « War » (leur troisième ou quatrième album).

Ça n’a pas tout de suite été un « carton », mais quand même ! Au niveau des spectacles de l’époque, on faisait en moyenne 5 000 places en province. Il n’y avait pas de grande salle à Paris : Bercy n’était pas encore ouvert…

Le Zénith non plus…

… et le Zénith non plus. Il y avait un chapiteau qui était installé à peu près là où se trouve TF1 aujourd’hui.

On est revenus avec eux quelques mois plus tard, quand Bercy a ouvert. C’est un souvenir important : à l’époque, c’était le record de recettes à Bercy mais aussi celui de U2 dans le monde. Paul était très sensible à cela : ils aimaient bien « breaker » des records comme ça. Le jour où on a « fait » Bercy, la recette qu’on a fait était la plus grosse recette qu’ils n’avaient jamais fait nulle part ailleurs dans le monde à date.

Pour la petite histoire, quand ils sont revenus quelques années plus tard à l’Hippodrome de Vincennes, on a « rebreaker » leur record de recettes à date : à l’époque, il y avait 73 000 personnes à l’Hippodrome de Vincennes !

C’est aussi une manière d’expliquer que quand on travaille avec des Artistes qui ont une carrière internationale, il y a vraiment une manière de le faire « sur mesure » pour le territoire Français et une vraie expertise à les y faire grandir. Ce n’est pas « du tout cuit » du tout…

Ce n’est pas « du tout cuit ». C’est l’une des choses que j’ai apprises, que j’ai réussi à faire passer à des Managers, et qui fait que des Artistes se sont « installés » en France même si ce n’étaient pas des « stars » internationales.

Ces personnes sont devenues des « stars » en France (ou au moins des Artistes qui « comptent »).

Pour un Artiste comme Murray Head par exemple, on faisait des tournées en France de 20 à 40 dates. On allait partout. Beaucoup d’Artistes internationaux (parce qu’ils sont « happés » par tous les pays du monde) viennent « faire Paris » ou « font Paris et Lyon », et c’est tout !

Je me souviens de AC/DC qui, à l’époque, avait joué à Reims.

Ce concert est mentionné dans les bouquins sur leur carrière. On y voit des photos de la scène, faite de palettes, des trois « pauvres éclairages » qu’ils avaient, etc… A l’époque, AC/DC faisait des tournées de 10 à 15 dates en France.

Je me souviens d’eux près de Toulouse, dans un gymnase, sous la neige. Les loges étaient des caravanes, etc…

Beaucoup d’Artistes ont compris qu’il fallait « faire la province » pour « s’installer ».

Après, quand vous êtes « devenus » AC/DC et que vous « faites » le Stade de France, vous n’allez plus « faire la province ». Vous avez votre fond de Public absolument partout, et il monte à Paris.

J’ai envie de passer à 1986 (il y a 35 ans), année de la fondation de Gérard Drouot Productions. Quel a été le déclic pour créer votre « boîte » ?

Le déclic était simple : un an de discussions avec Harry Lapp parce que je ressentais le besoin de monter à Paris.

Pour le compte de sa société, il m’était arrivé de venir deux ou trois fois dans une semaine à Paris. A l’époque, je faisais l’aller-retour avec Air Inter (il n’y avait pas de TGV).

Je lui ai dit : « Il faut qu’on ait un Bureau à Paris… Pour aller voir les labels et les Managers, pour aller aux rendez-vous avec les radios ou autre, il faut être à Paris… Ouvrons un Bureau à Paris ! », mais Harry ne souhaitait pas quitter l’Alsace. C’était son droit.

Je me suis proposé d’y ouvrir un Bureau, en lui disant : « Si on fait ça, on change de structure ». Sa société étant « en nom propre », je lui ai dit : « Dans ce cas-là, je vais apporter beaucoup à la boîte ».

Je n’étais pas malheureux : il me donnait des intéressements, etc… mais je lui ai dit : « On va faire une société où on sera associés, etc… ». Pour des raisons liées au passé (il avait eu, je crois, de mauvaises expériences), il ne voulait pas s’associer. On a discuté pendant des mois. Finalement, comme je voyais que rien n’avançait, j’ai pris la décision de démissionner et de créer ma « boîte ».

C’est quoi le déclic pour « changer complètement de dimension » ? Quelques personnes à Strasbourg, puis ensuite à Paris… Aujourd’hui, vous êtes vingt-cinq ou trente…

Trente-cinq.

Trente-cinq, et votre société a justement 35 ans… Quel a été le déclic ? Est-ce le fait d’avoir « breaké » un concert ? Cela s’est-il fait « petit à petit » ?

Structurellement, ça s’est vraiment fait « petit à petit » : un employé à Strasbourg pendant deux ans et une installation à Paris au bout de trois ans. Puis, j’ai recruté un Comptable, une Attachée de Presse… En moyenne, j’ai créé un emploi par an depuis 35 ans.

C’est exactement ça !

Je l’ai souvent fait… Je ne dirais pas que je l’ai fait « à contre cœur », mais de manière un peu « affolée » de voir la Société grandir, grossir, et avoir de plus en plus de frais et de charges : ça voulait dire qu’en face, il fallait faire du chiffre d’affaires et du profit !

Le fait de grandir, au lieu de me laisser « dormir sur mes lauriers », me « booste ». Ce n’est pas toujours évident, cela reste un « métier de risques » !

Est-ce que ça vous a amené à faire des « trucs » où, artistiquement, vous étiez moins passionné ?

Non, pas du tout !

Jamais ?

Non !

Toujours le « prisme artistique », quand même…

Ce qui m’embête depuis un an, c’est justement de ne pas aller voir des concerts. Non seulement de ne pas en produire, mais de ne pas aller en voir !

Il m’arrive d’aller voir des concerts produits par des collègues et des confrères. Là, je « tourne en rond ».

Si on fait référence au début de ma carrière, à Tangerine Dream et compagnie, cela ne m’est jamais arrivé, depuis 50 ans, de ne pas y aller une, deux, trois, cinq ou dix fois par semaine (des fois, j’ai deux ou trois concerts à Paris le même soir !).

Vous rendez-vous compte ? Pendant un an, ne pas aller voir un concert, alors que vous n’avez fait que ça toute votre vie ?

C’est une vraie souffrance…

Ah oui, c’est une vraie souffrance ! C’est un vrai manque. Quel changement !

Je suis en passation avec mon fils qui est dans la « boîte » depuis plusieurs années. Depuis quelques années, il est Directeur Général Délégué et il est prévu que je lui donne les clés de la « boîte » (tout en restant quelque part…).

Je n’imagine pas que certains concerts aient lieu et que les Artistes ne viennent pas me saluer ou ne soient pas contents de me voir. Je vais avoir 69 ans dans quinze jours… il faut savoir « passer la main », c’est nécessaire !

Maintenant, ne plus rien faire… non, peut-être pas. Retrouver un peu de légèreté et d’amusement !

Je ne veux pas « dévoiler le secret », mais quand vous « mettez en vente » les Rolling Stones et que vous leur avez envoyé 100 % de leur cachet avant l’annonce (pour ce genre d’Artistes, vous avez le droit d’annoncer qu’ils viennent quand vous avez tout payé d’avance), vous avez une petite goutte de sueur : on ne sait jamais !

De mémoire, on a dû « faire » 58 000 personnes à Marseille. Si vous en faites 40 000 ou 45 000 ce n’est pas mal, mais vous perdez beaucoup d’argent… [Rires]

Bien sûr…

… parce que vous avez un « break » à 55 000 personnes.

Ce sont des métiers où tout se fait « à la marge », ce sont les derniers billets qui…

Absolument !

L’Olympia, c’est 2 000 places. Quand vous « faites » 1 800 places, les gens ont l’impression que c’est complet, mais vous ne gagnez pas d’argent. Vous gagnez de l’argent sur les 200 derniers billets !

On va quand même revenir à cette « période bénie » où il y avait plein de concerts, en espérant qu’elle revienne très vite… Dans toutes ces années dont on a parlé, avez-vous un ou deux souvenirs qui « surnagent », des « trucs » incroyables ?

Non. L’un des tout derniers concerts qu’on a « faits » (le dernier à Paris, notamment), c’était Van Morrison à l’Olympia, au début de la pandémie.

Je suis fan de Van Morrison depuis toujours. J’avais « perdu » cet Artiste pendant 8 ou 10 ans parce qu’il avait eu une offre d’un Suisse (qui n’était pas Producteur mais qui avait « fait » un Olympia), puis il avait fait un festival à Pleyel.

Cela faisait donc plusieurs années que je ne produisais pas Van. J’ai réussi à le récupérer, et les interdictions de jauges sont tombées : l’Etat a interdit de faire des spectacles de plus de 1 000 places.

On était complet ou quasiment complet à l’Olympia (près de 2 000 personnes). Son Agent ayant appris le « problème », m’a appelé et m’a dit : « Qu’est-ce qu’on fait ? Van est dans l’avion pour Paris… ».

Je lui ai dit : « Ecoutes, on a une idée : on va lui proposer de faire deux concerts, devant quasiment 1 000 personnes à chaque fois, et de doubler son show s’il veut bien l’accepter… ».

Je me disais que « jamais de la vie » Van Morrison (un Musicien extraordinaire mais parfois très dur et inflexible) n’allait accepter… et il a accepté, sans demander qu’on lui double son cachet. On a juste enlevé la Première Partie parce qu’au niveau de l’Olympia, il aurait été « trop long » de faire deux fois la Première Partie et deux fois le show.

Pour la petite anecdote, je crois que cinq personnes qui étaient venues au premier show ont racheté un billet pour le deuxième show. En plus, Van a eu l’idée de ne pas faire exactement le même concert.

La classe !

Voilà. C’était mon dernier concert.

Parlons d’autres moments importants de toute cette vie incroyable… Est-ce vrai que vous avez produit l’un des tous derniers concerts de Nirvana ?

J’ai produit toutes les tournées de Nirvana, sauf leur premier passage en France, aux Trans Musicales, à Rennes.

Je me souviens très bien être venu voir le Manager pour « prendre » ce Groupe. J’aime bien être en « décalage total » : je me souviens très bien être arrivé en costard-cravate et avoir assisté au concert dans les « crash barrières », devant la scène. J’ai assisté à tout le concert. J’étais fan de Nirvana !

D’autres de mes collègues concurrents (que je ne citerai pas) étaient aussi là pour « signer » le Groupe, mais eux étaient « backstage » en train de discuter, de « boire des coups », ou autres.

J’ai rencontré le Manager et me suis présenté. Il avait été impressionné que j’ai vu tout le concert pendant que les autres qui prétendaient « faire » Nirvana n’avait pas vu le concert ! C’est comme ça que j’ai « signé » le Groupe.

J’ai « fait » leur premier Zénith, leur deuxième, qui était sur l’album « In utero », et quelques dates en province dont une où je me souviens être allé, au Zénith de Toulon. Ce n’était pas la dernière, mais l’une des dernières. Ce n’était pas une « grosse tournée » : il y avait trois ou quatre dates en province. Quelques semaines après, Kurt Cobain s’est suicidé… l’aventure était finie.

Il y avait du monde (on a rempli les Zénith à chaque fois), mais lors de leur deuxième tournée, je tenais une deuxième date au Zénith au cas où la première se remplisse vite, mais on n’a pas rempli assez vite pour pouvoir ouvrir le deuxième Zénith… C’est donc un Groupe qui est devenu « mythique » bien après.

Ils existeraient aujourd’hui, ce serait « carton plein », évidemment.

Lors d’un des Zénith, Kurt Cobain m’a fait très peur : la Première Partie avait fini de jouer et il n’était pas là…

Pas là ?

Non… Il était avec sa femme, Courtney Love. Ils s’étaient « engueulés » dans la Voiture avec Chauffeur, avaient claqué la porte, étaient partis, et le Chauffeur s’était retrouvé tout seul…

Le Chauffeur de la Limousine nous appelle et nous dit : « Je ne sais pas où ils sont… ».

Les minutes tournent (un entracte, c’est 20 minutes) … 25 minutes… une demi-heure… 35 minutes… Je me dis : « Oh putain, il va falloir que je monte sur scène et que j’annonce que le concert est annulé car l’Artiste n’est pas là… ».

Finalement, il est arrivé en taxi ! En retard, mais il est arrivé, et le concert a eu lieu.

Avant de parler de votre vision et de clore cet épisode de « Sold Out », j’ai envie de vous parler, juste une seconde, de Springsteen et de Bono : ce sont des Artistes avec lesquels, humainement, il y a une fidélité qui est inébranlable avec vous…

Oui…

Avec Bono, non. U2 ayant signé avec Live Nation, il se retrouve complètement « entre les mains » de cette entreprise. Je crois que la dernière fois que j’ai coproduit avec eux à Bercy, c’était en 2015 ou en 2016. Quand ils sont revenus « faire » la tournée de l’album « Joshua Tree » au Stade de France, je n’étais pas impliqué.

Je continue de voir Bono de temps à autres. L’an dernier, je l’ai vu trois fois et j’ai déjeuné avec lui. Il reste quelqu’un de proche. Ce n’est pas un « ami », au sens où je ne l’appelle pas tous les huit jours, mais on a une affection, un respect, et tellement d’histoires en commun… C’est « indestructible ».

Bruce Springsteen est peut-être moins proche de moi. J’ai moins de « contact direct », mais c’est pareil… Lui et son Management n’iront à priori jamais « voir ailleurs ». Par contre, je n’ai pas le droit à l’erreur. Je n’ai pas le droit d’essayer « d’avoir Bruce pour pas cher ». Je n’ai pas le droit de me dire : « Puisque je suis le Producteur de Bruce depuis 20 ou 30 ans, on va faire Bercy, on va faire le Stade de France... et je vais essayer de le payer moins cher ! ».

Si je faisais ça, je serais « démasqué » !

Quand je suis allé le voir lorsqu’il faisait ses concerts « solo » sur Broadway il y a quelques années, personne ne lui a dit : « Ce soir, il y a tel invité… ».

Je faisais partie des très rares « invités » : c’était ce qu’on appelle en anglais « no-camp policy » : vu qu’il y avait 900 places dans le théâtre, il n’y avait normalement pas d’invité.

Moi, j’étais invité. J’attendais dans les loges pour le saluer. Les loges du théâtre sont à peines plus grandes que mon bureau ici : il n’y a pas de place, pas de catering. Il était tout seul. On était cinq ou six personnes à l’attendre.

Je me rappelle qu’il est descendu de sa loge avec Patti Scialfa, qu’il m’a vu et a lancé à la cantonade : « Gérard, my friend ! » [Rires]. Ça m’a fait plaisir !

Je n’avais pas besoin de lui expliquer qui j’étais, voilà…

Quand on parle de Gérard Drouot Productions dans le Métier (ce sera une de mes toutes dernières questions), il y a cette vision de l’auto-distribution, cette importance d’Internet et de la Billetterie… Vous êtes, sans doute, la « boîte de Production » qui a intégré le plus tôt la Billetterie pour maîtriser des choses…

Est-ce l’une des signatures de ce que vous faites ?

Je trouve que c’est normal ! Nous sommes des vendeurs de billets.

La recette que je fais, mon chiffre d’affaires, c’est de la vente de billets. Lâcher la main à des intermédiaires aussi puissants que Ticket Net, FNAC, etc… sans s’y intéresser est pour moi une erreur majeure ! C’est ma recette : si je ne vends pas de billets, ce n’est pas le Distributeur qui perd de l’argent, c’est moi !

Nous vendions nos billets à l’époque où nous les imprimions sur des carnets-papier et où on les distribuait chez des Disquaires. Je me souviens avoir envoyé des gens, en voiture, vendre des billets de U2 à l’Hippodrome de Vincennes, à Orléans, à Nancy ou ailleurs… On allait chercher les invendus, etc… On distribuait nous-mêmes nos billets quand ils étaient en papier.

Ensuite, quand l’Informatique et le Digital sont arrivés, tout d’un coup, beaucoup de mes confrères de l’époque ne se sont plus intéressés du tout à la Billetterie, en se disant : « Bon débarras ! Maintenant, il n’y a plus besoin d’imprimer des billets : ce sont les Distributeurs qui les impriment eux-mêmes. On leur envoie ça par voie digitale, ou autre… »

Cela m’a fait réagir. Je n’ai jamais accepté cette situation. Dès que possible, j’ai voulu organiser mon propre Service de Billetterie.

Quand je « fais » un Artiste comme Jimmy Buffett (avec qui on fait deux ou trois Cigale), il met un lien qui « renvoie chez moi » sur son site, et on ne vend que « chez nous ». Pour Jimmy Buffett, on ne met pas de billets chez Ticket Net, à la FNAC ou autre… Ses fans (qui sont principalement des Américains qui vivent en Europe, à Paris, ou qui viennent pour le show) vont sur son site internet, ils sont renvoyés sur le site de G.D.P., ils achètent leur billet, et tout va bien ! Je n’ai besoin de personne.

Si je résume notre conversation, en vous écoutant, j’ai l’impression que la « recette magique Gérard Drouot », c’est une passion pour les Artistes et les concerts. Vous êtes capable de « payer le prix » pour les Artistes…

Il le faut ! Si vous ne payez pas le prix, vous ne tenez pas.

Du coup, comme ça coûte cher, il faut gérer une « boîte » d’une manière méticuleuse, presque « comme un psychopathe », si j’ose dire : chaque détail doit être pris en compte. C’est ça qui fait « perler cette petite goutte de sueur ». C’est ça la « recette Gérard Drouot » ?

Oui. Chaque euro compte ! Il faut tout surveiller, apprendre avec les gens de la « boîte », avec les Cadres, les Assistants (dont certains, comme Gaëtan, sont là depuis 17 ans !). Carine, une de mes Comptables, est rentrée dans la boîte il y a 21 ans. Il y a des gens qui font leur carrière au sein de la « boîte » et qui ne cherchent pas forcément à aller ailleurs.

Quand je reçois un C.V. d’un jeune de 28 ou 30 ans et que je vois qu’il a déjà fait cinq ou six « boîtes » et qu’il en a changé tous les deux ans, ça ne me plaît pas.

Justement, c’est ma dernière question Gérard : ce jeune de 20 ou 22 ans qui va sortir de ses études dans cette période sinistre… on lui conseille, quand même, de travailler dans une « boîte » comme la vôtre ou de rentrer dans le Monde du Spectacle, à votre avis ?

Je n’en ai aucune idée ! C’est à lui d’avoir l’envie et « l’envie d’avoir envie » ! [Rires]

Je crois que s’il n’y a pas un minimum de passion pour la Musique, le Spectacle, le lien entre ce qui se passe sur scène et ce qui se passe dans la salle, ce n’est pas un métier que l’on peut bien faire.

Il m’arrive souvent d’être à la sortie des spectacles, de regarder la « gueule » des gens, de voir qu’ils ont « la banane », de voir qu’ils discutent ensemble et qu’ils se racontent des anecdotes sur le concert.

Comme je le dis parfois, ce qui me fait plaisir, c’est de leur avoir donné de la « poussière d’étoile » : pendant une heure et demi, deux heures, trois heures (trois heures et demi quand c’est Springsteen [Rires], les gens ont passé un bon moment, ils étaient ailleurs, ils n’étaient pas dans leur quotidien. C’est ça qui manque depuis un an !

Merci de nous avoir donné un peu de « poussière d’étoile » aussi dans « Sold Out » aujourd’hui, Gérard !

Je vous en prie.

A bientôt !


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